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Le CBD, le CBN et le CBG sont trois cannabinoïdes naturellement présents dans le cannabis avec des propriétés distinctes. Le CBD, le plus connu, est l'un des cannabinoïdes les plus abondants dans le cannabis, le CBN est issu de la dégradation du THC, et le CBG est considéré comme la "molécule mère" des cannabinoïdes. Le fait que ces trois composés interagissent différemment avec le système endocannabinoïde soulève des questions intéressantes quant à leurs effets et à leur potentiel thérapeutique.
Le CBD est une molécule naturelle, extraite principalement des variétés de Cannabis sativa (chanvre) à faible teneur en THC, qui possède des propriétés thérapeutiques sans induire d'effets psychoactifs chez le consommateur. En France, sa commercialisation est autorisée, tant que le taux de THC reste inférieur à 0,3%.
Le cannabidiol interagit avec le système endocannabinoïde humain, notamment avec les récepteurs CB1 et CB2, ce qui lui permet de réguler certaines fonctions physiologiques comme le sommeil, l'appétit, la douleur ou encore l'inflammation. Contrairement au THC, le CBD ne se fixe pas directement sur ces récepteurs, ce qui lui permet d'agir sans provoquer d'état euphorique. L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a confirmé en 2017 que le CBD "ne semble pas présenter de potentiel d'abus, ni être nocif pour la santé" lorsqu'il est utilisé de manière appropriée. Les effets secondaires rapportés restent, à ce jour, mineurs : fatigue légère, modification de l'appétit ou sécheresse buccale.
Le CBD présente de nombreuses propriétés médicinales, documentées au fil du temps par la recherche scientifique, et peut être consommé sous diverses formes : huiles sublinguales, fleurs et résines à vaporiser, gélules et capsules, cosmétiques et baumes, infusions et thés, etc.
Le CBD, largement reconnu pour ses propriétés relaxantes, réduit les symptômes d'anxiété chez les personnes souffrant de trouble d'anxiété sociale et de stress post-traumatique. En effet, le CBD interagit avec les récepteurs de la sérotonine dans le cerveau, contribuant ainsi à une sensation de bien-être et de calme.
Le potentiel thérapeutique du CBD pour soulager les patients sujets aux crises d'épilepsie a commencé à attirer l'attention dès 2011, avec le développement de la Charlotte's Web par les frères Stanley. En effet, cette souche à haute teneur en CBD a permis de produire une huile de CBD, depuis connue pour traiter l'épilepsie infantile. Le CBD ayant démontré des effets dans le traitement de l'épilepsie, en particulier pour des syndromes rares et graves que sont le syndrome de Lennox-Gastaut et le syndrome de Dravet, l'Epidyolex est désormais autorisé comme traitement complémentaire pour soigner les crises d'épilepsie dès l'âge de deux ans. Concernant la maladie de Parkinson, le CBD contribuerait à réduire la neuro-inflammation, responsable de la progression de la maladie. Il aiderait également à soulager les symptômes tels que l'akinésie (tremblements musculaires et lenteur des mouvements), la dyskinésie (mouvements rapides et involontaires), l'anxiété, ou encore l'insomnie. De plus, il pourrait améliorer la production de dopamine qui, en cas de dégénérescence des neurones, cause les troubles moteurs liés à la maladie. Pour ce qui est de la maladie d'Alzheimer, le CBD pourrait aider à ralentir la progression de la maladie en agissant, ici aussi, sur la neuro-inflammation et en régulant certains neurotransmetteurs.
Le CBD présente des propriétés naturelles intéressantes pour les sportifs ; ses propriétés anti-inflammatoires contribueraient à soulager les douleurs musculaires et articulaires après l'effort. En réduisant l'inflammation et en améliorant la qualité de sommeil, le CBD pourrait accélérer la régénération musculaire post-entraînement. À savoir qu'à l'exception du CBD, retiré de la liste des substances interdites par l'Agence Mondiale Antidopage (AMA), tous les cannabinoïdes sont prohibés en compétition sportive. Bien qu'il ne faille pas confondre arthrose et arthrite, les propriétés anti-inflammatoires et analgésiques du CBD seraient bénéfiques pour protéger les articulations, en plus de réduire les troubles du sommeil et de l'anxiété souvent associés à ces pathologies.
Le Cannabinol est un cannabinoïde qui se forme naturellement lors de la dégradation du THC, c'est-à-dire lorsque ce dernier s'oxyde au contact de l'air et de la lumière. Dans les plantes de cannabis fraîchement récoltées, le taux de CBN est donc très faible (souvent moins de 1%) : sa concentration augmente progressivement avec le vieillissement de la plante.
Le CBN présente une structure moléculaire similaire au THC, mais avec des modifications chimiques dues à l'oxydation qui modifient ses propriétés. En effet, le CBN possède des effets psychoactifs très légers (environ 10% de ceux du THC) et sa présence dans une plante indique son ancienneté ainsi que son degré de dégradation. Contrairement au CBD au CBG, le CBN est un produit de dégradation, ce qui rend son extraction plus complexe et coûteuse. Les producteurs doivent soit attendre la dégradation naturelle du THC, soit utiliser des procédés chimiques contrôlés pour accélérer sa formation.
Le CBN présente des caractéristiques pharmacologiques intéressantes, notamment grâce à son interaction avec le système endocannabinoïde.
L'interaction du CBN avec le système endocannabinoïde entraîne divers effets physiologiques :
L'amélioration du sommeil
Des propriétés analgésiques
La stimulation de l'appétit
La régulation de l'équilibre émotionnel
Le CBN a la capacité de se lier aux récepteurs cannabinoïdes, en particulier les récepteurs CB1, mais avec une affinité moindre (entre 6 et 10 fois moins que le THC). Malgré son interaction avec les récepteurs CB1, le CBN n'est pas psychoactif, ce qui le rapproche du CBD.
L'étude "Cannabinol (CBN; 30 and 300 mg) effects on sleep and next-day function in insomnia : disorder ('CUPID' study): protocol for a randomised, double-blind, placebo-controlled, cross-over, three-arm, proofof-concept trial" (publié dans la revue BMJ Open, 2022) visant à étudier les effets du CBN sur le sommeil et le fonctionnement neurocomportemental chez 20 participants diagnostiqués avec un trouble d'insomnie, consiste en un essai clinique en double aveugle, contrôlé par placebo. Pour ce faire, chaque participant a reçu aléatoirement une dose unique de CBN (30 mg ou 300 mg) ou un placebo. Après observation, de légers changements dans le sommeil ont été constatés avec la plus forte dose de CBN chez des patients souffrant de troubles du sommeil, mais ce dosage n'a pas affecté la durée des réveils nocturnes (Wake After Sleep Onset, ou WASO). Les résultats obtenus n'étant pas suffisants, l'étude précise que les éventuels essais à venir devraient envisager des doses répétées à domicile sur un plus grand nombre de participants, en se concentrant sur les personnes atteintes de troubles du sommeil.
Le Cannabigerol est un autre cannabinoïde issu du chanvre, souvent considéré comme le "cannabinoïde mère", car au fur et à mesure que la plante mûrit, une grande partie du CBG se transforme, notamment en THC et CBD. La biosynthèse commence par la combinaison de l'acide olivétique et du pyrophosphate de géranyle, qui créent ensemble l'acide cannabigérolique (CBGA), qui est ensuite transformé en cannabinoïdes. Lorsque la plante est exposée à la chaleur, le CBGA subit une décarboxylation (élimination du CO2) : on obtient alors le CBD, le THC et le CBC. Contrairement au THC, le CBG n'a pas d'effets psychoactifs et est plutôt reconnu pour atténuer les effets psychoactifs du THC et pour soulager la douleur.
Le CBG se trouve en quantités très limitées dans les plants de chanvre matures, avec une concentration ne dépassant généralement pas 1%.
D'après l'étude "Acute Cannabigerol Administration Lowers Blood Pressure in Mice" (publié dans la revue Frontiers in Physiology, en 2022), l'administration de CBG chez des souris normales entraîne une réduction de la pression artérielle, ce qui laisse penser que le CBG serait intéressant pour traiter des problèmes d'hypertension. Selon une autre étude ("The Origin and Biomedical Relevance of Cannabigerol", publiée dans l'International Journal of Molecular Sciences, en 2022), le CBG aurait démontré des propriétés antimicrobiennes, ce qui le rend éventuellement capable de traiter des infections bactériennes et fongiques. Bien que les recherches n'en soient qu'à leur début, les premiers résultats de recherche sur le CBG semblent prometteurs : des études seraient en cours pour évaluer son potentiel à traiter des maladies neurologiques (Huntington, Parkinson, sclérose en plaques).
Le système endocannabinoïde est un réseau complexe de récepteurs, d'endocannabinoïdes et d'enzymes, qui interviennent dans la régulation de diverses fonctions physiologiques et cognitives dans le corps humain. Contrairement au CBD, le CBG interagit directement avec les récepteurs CB1 (dans le système nerveux central) et CB2 (dans le système immunitaire) : cette interaction peut soit activer, soit bloquer ces récepteurs en fonction du contexte, ce qui lui permet de moduler ses effets.
L'effet d'entourage désigne l'interaction entre les différents cannabinoïdes, terpènes et autres composés présents dans le cannabis qui, tous ensemble, produisent des effets thérapeutiques plus puissants que ceux obtenus par l'utilisation isolée d'un seul cannabinoïde. Le CBD, le CBN et le CBG interagissent tous avec le système endocannabinoïde, chacun avec une affinité différente pour les récepteurs CB1 et CB2. À titre d'exemple, bien que le CBG ait une interaction directe avec ces récepteurs, il peut également moduler les effets du THC. Dans certaines formulations, le CBD est associé au CBN pour traiter des troubles du sommeil, et au CBG pour ses propriétés anti-inflammatoires ou pour moduler l'appétit. Des recherches scientifiques plus poussées pourraient donc ouvrir la voie à de nouveaux traitements thérapeutiques pour soigner ou prévenir certaines pathologies.
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